Première grosse claque de l’année 2017, Hybris, le deuxième album de Yalta Club, est un disque riche et ambitieux, une réflexion lucide sur notre époque et sur les choix qui s’offrent à nous. Une belle réussite.
Ma résolution ? Rejoindre le Yalta Club !
Cette année, je n’ai pas pris de résolutions. J’ai fait le tour, j’ai même cherché sur Internet. Mais je n’ai rien trouvé. Arrêter de fumer. Déjà fait. Faire du sport. Trop banal. Arrêter de boire ? Vous êtes sérieux ? J’ai déjà rempli ma cave pour le 7 mai prochain, histoire de parer à toute éventualité. Et puis, les résolutions, vous savez comment c’est. Mais, quand même, bordel, puisque c’est la nouvelle année, et la bonne santé, et le cul de la crémière, pourquoi on ne pourrait pas juste s’aimer les uns les autres ? Notez que je n’exige rien, moi. Si je revendique, ce n’est que du bout des lèvres, comme un baiser qui effleure, fragile et timide. Nous sommes le 16 janvier 2017, il est 20h23. J’écoute le Yalta Club et je me dis qu’on pourrait y arriver.
C’est beau le monde quand les gens s’aiment. Ils ont des fleurs dans leurs cheveux et des étoiles dans leurs sourires. Dans le ciel, flottent des licornes, des arcs-en-ciel et des chansons des Flaming Lips. L’amour est une utopie mobilisatrice et un programme érectoral. Soyons idéalistes, érigeons l’impossible. On nous parle de vivre ensemble et de partager les richesses. Nous sommes des centaines, nous sommes des milliers, nous sommes tous là. Bienvenue au Yalta Club. Ici, la musique est un souffle qui balaie tout sur son passage. Là, c’est un tonnerre qui gronde, un torrent qui jaillit. Yalta, comme un monde qui se crée sur les ruines de l’ancien. Club, parce que les grands desseins sont toujours collectifs.
Hybris, une thérapie électro-organique
Et Hybris, le deuxième album de Yalta Club est un grand dessein. Non seulement parce que “hybris”, en grec ancien, signifie “démesure”. Mais surtout par l’ambition qui a présidé à sa création. Né en 2012 de la rencontre de 5 musiciens parisiens d’origine nantaise et d’une claviériste allemande fraîchement débarquée dans la capitale, Yalta Club aurait pu se contenter d’affoler les corps avec son électro-pop colorée sensiblement supérieure à la moyenne. C’est en tout cas ce que laissait augurer leur premier album. Pourtant, soucieux d’éviter la redite, le groupe a opéré une mue spectaculaire. Certes, Hybris n’est pas un reniement – les corps pourront de nouveau exulter – mais une solide réinvention par laquelle Yalta Club entend aussi marquer les esprits.
A la morosité ambiante, à la haine de soi et des autres, Yalta Club oppose une forme de résistance active et musicale. C’est d’abord le titre Love, écrit et enregistré en réponse aux attentats de janvier 2015, qui décrète l’état d’urgence amoureuse. Lui succédera, en juin 2016, l’EP Midas, qui dévoile le nouveau visage et les questionnements du groupe. Matérialisation de ce nouvel engagement, Hybris traite notamment des attentats ou du sort des migrants et, plus généralement, du choix qui nous est offert entre résignation et résistance. Solidement ancré dans son époque, le disque est aussi une thérapie électro-organique et futuriste. La mélancolie n’y est pas étrangère mais elle côtoie la révolte et le plaisir. En s’entrechoquant comme des plaques tectoniques, ces sentiments contradictoires produisent une secousse dont l’effet devrait se faire sentir encore longtemps. Et même si l’avenir qu’on nous propose n’est pas toujours radieux, Yalta Club nous donne envie d’y croire.
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