Depuis sa chambre à Epinal, le songwriter Julien Bouchard sort une collection de pop songs belles à vous faire oublier le goût de la défaite…
Il pleut à Roland-Garros. Alors je m’enferme dans ma chambre et je pense à Eugénie Bouchard. Je pense à sa défaite… et aux miennes aussi un peu. Je la vois courir après un revers croisé, visage fermé, bras tendu, et mon cœur se serre à l’idée de la perdre.
C’est con parce que, même si je la croisais le long de la ligne, je ne saurais pas quoi lui dire. Je ne trouverais pas les mots à smasher dans son lobe d’oreille. Je resterais, à ses yeux, plus invisible que le plus discret des ramasseurs de balles.
Il pleut à Roland-Garros. Je ferme à clé la porte de ma chambre et je repense à Eugénie Bouchard. Tant pis si ça rend sourd. Je n’ai pas envie d’entendre les hourras de la foule ni l’interview de Nelson Monfort. Tout ce qu’il me faut, c’est une musique pour la voir courir au ralenti.
Je pense à Eugénie Bouchard lorsque j’entends la musique de son homonyme. Non, je ne suis pas encore sourd et, loin des images d’Epinal de tenniswomen aux jambes fuselées, la musique de Julien Bouchard est un secret trop bien gardé. Enfermé dans sa chambre, le spinalien a écrit trois fois plus de jolies pop songs qu’il n’en a gardées pour cet album, Songs from La Chambre.
J’aurais pu jouer les égoïstes, tout garder pour moi et en faire la bande-son de mes fantasmes tennistiques. Mais, qu’il pleuve sur le court central ou qu’il pleure dans vos vies tristounettes, la pop de Julien Bouchard est un rayon de soleil, une vague de chaleur, un coup droit gagnant sur la balle de match. Bref, c’est que du bonheur.