Sur Try Not To Freak Out, les Norvégiens de Sløtface combattent la fin du monde à coups d’hymnes punk pop imparables.
Sløtface, le groupe qui dansera sous les gravats
La Corée du Nord balance ses missiles au-dessus du Japon. A Londres, une bombe explose dans le métro. Le 2 août, nous avons déjà bouffé toutes les ressources que la Terre peut produire en une année. Et, pendant ce temps, vous êtes près d’1,5 million à regarder Cyril ânonner. Nous dansons au bord du cratère. La la la lalaire. Mais essayons de ne pas paniquer ! Try Not To Freak Out. Tel est le titre du premier album des Norvégiens de Sløtface.
Tout part en couille. Mais restons cool. Dansons, chantons, profitons tant qu’il est encore temps. S’il n’en faut qu’un, Sløtface sera le groupe qui dansera sous les gravats. Les Norvégiens n’ont ni leur langue dans la poche ni les pieds collés au goudron. Leurs hymnes punk-rock dansent comme ils respirent et rhabillent pour l’hiver les connards de tout poil .
Refrains catchy contre fin du monde
Try not to freak out commence par le féministe Magazine, qui dénonce l’objectivation du corps féminin. Pour souligner son propos, la pétillante Haley Shea en appelle à la figure tutélaire de Patti Smith en scandant : “Patti Smith would never put up with this shit”. A plusieurs occasions, l’album s’attaque aux méfaits du patriarcat mais, plus généralement, sonne comme une ode à la liberté (en tant qu’antidote à la connerie ambiante).
Parce que, même si le monde est un champ de mines, et que les actualités nous le rappellent chaque jour un peu plus, la pulsion de vie est plus forte que la pulsion de mort. Et la musique est plus forte que le bruit des bombes. Cela, Sløtface l’a bien compris. Et sans s’ériger en donneurs de leçons, le quatuor de Stavanger s’impose d’emblée comme un groupe emblématique de son époque.
Il y a chez la rouquine Haley Shea un petit quelque chose de Debbie Harry. Pas seulement parce qu’elle est la frontwoman d’un groupe à guitares, mais plutôt dans cette façon de chanter le déluge avec une voix pop acidulée. Chez Sløtface, l’énergie et l’état d’urgence sont omniprésents mais, comme chez Blondie, c’est à coups de refrains catchy que l’on combat la fin du monde.