Avec No Land, le Rennais Olivier Mellano, accompagné de Brendan Perry et du Bagad Cesson, signe un hymne anti-identitaire puissant et évocateur.
No Land, un élan sans limites ni frontières
J’ai traversé la France dans les grandes largeurs pour gratter quelques minutes de soleil au crépuscule. J’ai coupé le chemin côtier en perpendiculaire et j’ai couru jusqu’à l’océan, comme si j’avais des démons à fuir ou un Graal à atteindre. Le vent cinglait mon visage. Mes pieds s’enfonçaient dans le sable mou. Bientôt, j’ai eu de l’eau jusqu’aux genoux. Elle était froide, piquante et, en même temps, vivante et désirable. J’ai avancé encore. Et j’ai plongé la tête dans l’eau salée. Je me suis laissé happer quelques secondes avant de revenir, un homme nouveau, sans limites et sans frontières. No Land.
Je suis d’ici, je suis d’ailleurs. Je n’appartiens à personne et je ne veux pas qu’on me revendique. La mer n’est pas une fin, c’est un début. Ici et ailleurs, je veux juste continuer à devenir. Je regarde au loin et j’entrevois les promesses d’autres rencontres. Derrière mon dos, la rumeur grondante d’un bagad me fait gonfler les voiles. Je me sens pousser des ailes et je deviens oiseau. Je n’ai pas de frontières, pas de pays. No Land. Je suis une volonté, un élan, une musique. Je suis un mouvement capturé par Olivier Mellano, Brendan Perry et le Bagad Cesson.
Un OVNI electro-rock et bagad
Il y a cette phrase, en lettres majuscules, sur le site dédié au projet : “No land est un programme de politique fiction, un chant utopiste et humaniste, un hymne contre tout ce qui enferme et réduit la complexité de l’homme”. Et, en effet, il se dégage de cette triple collaboration une formidable soif de nouveaux horizons et une volonté féroce de surpasser ses limites. Le bagad, traditionnellement associé à l’identité bretonne, est mobilisé, presque à contre-emploi, pour sonner le dépassement des frontières. De même, alors que le pipe band est à l’origine un ensemble militaire, c’est ici de paix et d’unité qu’il est question.
Brendan Perry, mythique chanteur de Dead Can Dance, n’avait pas attendu ce projet pour brouiller les frontières. Mais, outre la fait de travailler pour la première fois avec un bagad, il a relevé un nouveau défi avec cette piste de près de quarante minutes aux variations mélodiques incessantes. A l’origine du projet, Olivier Mellano a aussi fait le choix de se mettre en danger, abandonnant son instrument fétiche, la guitare, pour la basse et les claviers.
Au final, No Land est un OVNI electro-bagado-rock, un poème épique récité d’un seul souffle. Un hymne qui soulève les cœurs et qui n’a pas fini de résonner ici et par-delà les frontières humaines.
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