Made in France : Manolo Redondo – The Heart Swings

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Où il est question de nous sentir vivants, de quitter nos tours d’ivoire, de redevenir robots et de camper dans la région des Grands Lacs…

Poursuivons la promenade. Respirons le grand air. Avalons les kilomètres. Tournons sur nous-mêmes pour mieux embrasser le paysage, pour mieux nous sentir vivants. Après tout, c’est encore l’été. En cherchant bien, on doit encore pouvoir entendre le froissement d’ailes des oiseaux ou le bruissement des feuilles agitées par le vent. 
Il est encore temps de quitter nos tours d’ivoire et de béton, de délaisser le macadam pour les tortueux chemins forestiers. Encore temps de se laisser surprendre par le coucher du soleil ou d’improviser une partie de cache-cache entre les arbres. Bientôt la ville et ses soleils artificiels nous rappelleront à notre triste sort. Bientôt, nous redeviendrons robots, tristes et froids, versions mécaniques de nous-mêmes. Nous redeviendrons variables d’ajustement, au rendement quantifiable. Quantités négligeables… à moins qu’on ne choisisse, au dernier moment, un autre chemin. 
Il y a des artistes qui construisent des ponts entre la ville et les grands espaces. Manolo Redondo est de ceux-là. Descendu de sa montagne pour s’installer à Paris, celui qui est aussi le chanteur de Modern Folks n’a pas pour autant perdu le goût des choses simples. Son premier EP solo se permet le luxe de l’espace avec ses parties de guitare vagabondes et ses chœurs aériens. En quelques mesures, les mélodies instaurent des ambiances propices à la rêverie et au dépaysement. En fermant les yeux, on s’imaginerait presque en train de camper dans la région des Grands Lacs.
Il y a chez Manolo Redondo une véritable envie d’évasion, un côté Into The Wild. Pourtant, on sent bien qu’il garde toujours quelques orteils dans la cité. Comme si, entre les deux, son cœur balançait. C’est peut-être, d’ailleurs, l’une des explications au titre de l’EP, The Heart Swings. Ce sont cet équilibre fragile et la mélancolie rêveuse qui en découlent, qui font toute la beauté du disque, évitant à Manolo Redondo de sonner trop comme Neil Young ou, à l’inverse, trop comme The National, pour mieux construire sa propre personnalité artistique.

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