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Photo : Johan Rousselot |
Où il est question de poudre blanche, de photo jaunie, de jours meilleurs et de mauvais coton…
Décembre se meurt dans une traînée de poudre blanche. Dans la cheminée, les braises s’éteignent en silence. Dehors, des enfants façonnent des boules de neige mais je ne les entends pas. Quand tu n’es pas là, le monde est une page blanche à perte de vue.
J’ai si longtemps cherché les fleurs dans tes cheveux, le plaisir entre tes cuisses, le bonheur entre tes mains, que, désormais, il me faut réapprendre à vivre. Tenir debout quand tout s’est écroulé. Manger quand plus rien n’a de goût. Marcher quand le sol est truffé de mines. Rêver à des jours meilleurs. Ne pas se laisser aller.
Je me souviens de ces chansons que tu chantais, quand tes doigts dansaient sur les cordes d’une vieille guitare. Quand tu étais là, tu étais d’hier et d’aujourd’hui. Tu racontais le futur au passé. Et moi, j’étais amoureux de ces accords inusables plaqués sur ma mémoire et de ta voix, fragile à faire pleurer les géants et forte à déplacer les montagnes.
L’écho de tes mots résonne encore dans la chambre vide. Où que je sois, quoi que je fasse, je ressens ton absence. Je ferais mieux de m’en foutre, de faire comme si de rien n’était, mais, enroulé dans tes cordes vocales, je file un mauvais coton. Je suis ton Bobby et je crois que ça me plaît. Ne te retourne pas. Bientôt, tu seras grande et, drapé dans ma tristesse, je t’écouterai chanter ma vie entre les lignes.