Où il est question d’horoscope, de la seule chose qui tourne rond, de communauté générationnelle et de science-fiction…
Il fait froid. Ça devait arriver. Comme chaque année au même moment, j’ai des envies d’ailleurs. Et, comme chaque année, je reste là. Je fais ce test à la con sur les réseaux sociaux, qui est censé me dire dans quel pays je devrais vivre. Je n’y crois guère plus qu’à un horoscope qui me dirait d’éviter de manger des plats en sauce, sous prétexte que Vénus fait le grand écart et que Mars est hors-jeu. Et puis, à l’heure du verdict… la France.
Au fond, c’est sans doute vrai. Ai-je encore besoin de partir quand il me suffit de fermer les yeux et de me laisser envahir par la musique ? J’ai vu le monde – un peu – dans mes vertes années. La seule chose qui tourne rond, ce sont les disques sur ma platine. Alors, à quoi bon ? A deux ou trois de choses près, on est tous faits du même bois. On contemple le même ciel, on recherche les mêmes émois, on réagit aux même stimuli. De Strasbourg à Shanghai, de Moscou à Quito, on aime, on vibre, on rêve, on respire avec la même urgence.
Prenez Los Alkaloides. Ils viennent de Quito, en Équateur. Mais, hormis le fait qu’ils chantent en espagnol, leur style musical n’a pas grand chose de latino-américain. Mêlant rock lo-fi, héritage post-punk et riffs dansants à la Franz Ferdinand, les quatre garçons s’inscrivent bien plus dans une communauté générationnelle que géographique.
Certains crieront peut-être à la dilution des identités nationales. Moi, j’apprécie le fait que des gens de Quito viennent me toucher droit au but. Nos cadres de vie sont différents. Mais nous avons tant en commun, Los Alkaloides et moi. Les mêmes références musicales. Les mêmes jeux vidéo. La même fascination pour la science-fiction. On ne parle pas la même langue mais ça ne nous empêche pas de nous entendre. Reprenez-moi Ella viene del Futuro dans n’importe quel langage, mais avec la même ferveur et je serai emballé à tous les coups.
Ce que j’aime dans la musique, c’est qu’elle n’a pas de frontières. De Séoul à Boston, de Strasbourg à Quito, on aime, on vibre, on rêve, on respire avec la même urgence…