Les troupes américaines s’enlisent au Vietnam. On assassine Martin Luther King. En France, la jeunesse sème sa colère dans les rues. Sous les pavés, la plage…
J’aurais aimé être jeune en 1968. Etre réaliste. Demander l’impossible. Oser la révolte, même pour un instant. J’aurais peut-être fini par renier mes idéaux pour une Rolex ou une berline de luxe. Mais, au moins, j’aurais senti, pour un court moment, le vent grisant du changement souffler dans ma nuque.
Peut-on être nostalgique d’une époque qu’on n’a pas connue ? C’est une question qu’il faudrait poser à Christian Richer. Le Montréalais, gérant du label indépendant Kinnta Records, a sorti en 2012, sous le nom de The Haiduks, un très beau disque de sunshine-pop intitulé 1968. Comme son nom l’indique, 1968 fait référence à la pop psychédélique des sixties. Pourtant – et c’est là tout le talent de Richer – à aucun moment, l’album ne sent le réchauffé.
Tout se passe comme si le temps s’était arrêté, comme si les chansons de The Haiduks flottaient dans une bulle où la temporalité serait dilatée, déformée à l’envi. D’ailleurs, Christian Richer a pris son temps pour donner à ses compositions l’amplitude qu’elles méritent et leur offrir des arrangements à leur mesure. Sous les pavés, la plage, sur laquelle on s’allonge pour mieux laisser couler cette pop sucrée dans nos oreilles. Si ça ne vous évoque pas le soleil, les vagues, le temps qui passe lentement, il faut penser à consulter un spécialiste…