L’actualité musicale est souvent très chargée. Et au milieu de toutes les sorties qui déferlent chaque semaine dans les bacs, il n’est pas toujours aisé de démêler le bon grain de l’ivraie. Je ne me targuerais pas d’avoir ce don exceptionnel. Il m’arrive régulièrement de passer à côté d’albums magnifiques qui finiront quelques mois, voire quelques années plus tard par faire mon bonheur. Combien d’années m’a-t-il fallu pour enfin découvrir The Horrors ou Florent Marchet? Pourtant, à l’inverse, pour peu qu’on fasse preuve d’un minimum de curiosité et de clairvoyance, qu’on laisse traîner la bonne oreille au bon endroit et qu’on ait trouvé le matin, dans l’herbe, un trèfle à quatre feuilles porteur de chance, on finit parfois par dénicher des trésors auxquels les autres explorateurs n’accéderont que bien plus tard. Si je vous disais que j’avais découvert MGMT, Fanfarlo ou encore Born Ruffians bien avant que la presse rock hexagonale ne fiche son gros nez dedans, vous feriez mieux de me croire car 1) je ne vous ai jamais menti et 2) je vous le prouverai en vous faisant connaître plusieurs mois à l’avance des groupes qui feront le buzz dans quelques temps. D’où l’idée ce nouveau rendez-vous: le groupe que les autres écouteront dans un an (et encore, s’ils sont chanceux).
Pour inaugurer cette nouvelle rubrique, un groupe que, c’est quand même l’idée du truc, vous avez fort peu de chances de connaître. Et pour cause, Dry the River n’a pas encore sorti le moindre album. Quelques EP par ci, par là, qui, en Angleterre, leur ont valu un petit succès d’estime. Un petit coup d’oeil sur leur Myspace indique qu’ils assureront prochainement les premières parties de Bombay Bicycle Club et de The Antlers. Là, on se dit que c’est du sérieux. Une rapide écoute suffit à se rendre compte qu’ils partagent en effet le sens mélodique des premiers et la voix cristalline des seconds. Parfois assimilé à la déferlante néo-folk très en vogue en ce moment – ai-je déjà eu l’occasion de dire combien les Fleet Foxes me faisaient bailler? – Dry the River se démarque par des compositions plus complexes, qui se montrent d’abord caressantes grâce à la voix de velours de Peter Liddle, puis se font de plus en plus charnelles avec l’entrée progressive des autres instruments qui se lancent parfois dans des montées vertigineuses.
En attendant l’album, écoutez tout ce qu’il y a à écouter sur leur site web ou leur Myspace. Chaque chanson est plus belle que la précédente et le talent et les ressources de Dry the River semblent infinies. Et quand, dans quelques mois, ils feront la une de toute la presse rock du pays, souvenez vous que c’est J’ai tout lu, tout vu, tout bu qui vous aura fait découvrir ce groupe extraordinaire.