Où il est question de train-train quotidien, de cheveux blancs, de Monsieur Tout-le-Monde et de danseur aux pieds carrés…
J’aurais pu me contenter du minimum. Un métier dont, petit, je n’avais pas rêvé, mais qui, chaque mois, payait mon loyer et mes factures. Un petit train-train quotidien, ronronnant, sans incidents ni coups d’éclat. J’aurais pu, pendant trente ou quarante ans, suivre le même chemin tous les matins, boire le même café à la même heure. Et crever lentement, quelques mèches de cheveux blancs plus loin.
J’écris sur Zac Fraser-Baxter parce que je me suis pris le titre de son EP en pleine gueule : My Words Are Who I am. Moi, j’écris surtout sur tout ce que je ne suis pas. “Une réflexion sur la peur d’embrasser une carrière créative, sur la personne que nous nous forçons à être et celle que nous sommes vraiment”, ajoute l’artiste dans sa présentation. Et moi qui rêve de changer d’air mais qui reste planté là… Mes mots sont ce que je voudrais être.
Zac Fraser-Baxter est musicien et néo-zélandais. Moi, je suis mélomane dans mon hexagone exigu. Mais je me reconnais aussi bien dans le personnage de clown triste qu’il s’est choisi que dans sa volonté d’aller de l’avant et de créer en dépit des doutes qui l’assaillent. Musicalement, son R’n’B crépusculaire fleure bon les nuits sans sommeil et l’enfance qui s’éloigne. Dans le monde des adultes, toute ce que vous dites pourra être retenu contre vous, l’innocence se perd, le ver est dans le fruit. Mais, malgré toute cette opacité, Zac Fraser-Baxter trouve l’énergie de créer quelque chose de beau.