En ville, tout le monde piétine, regarde ses pieds, protège son petit territoire. Sur mon île, j’aurais tellement d’espace que je passerais mon temps à courir. Je vivrais avec les portes ouvertes. Je verrais le monde différemment. Je laisserais mon regard vagabonder au loin. Un peu comme les Plastic Mermaids qui, bien qu’originaires de l’île de Wight (chère à Michel Delpech), ont trouvé le moyen de donner à leur premier EP le nom d’une station de ski norvégienne.
La chose s’intitule Drømtorp et, sous ce titre exotique, réunit quatre chansons qui aspirent à prendre le large sans, pour autant, se départir de leur mystérieuse identité insulaire. Beats électro en suspension, envolées orchestrales, escapades sigur-rosiennes, écarts de conduite flaming-lipsiens, les sirènes en plastique recyclent mille idées à la seconde dans une sorte de copié-collé euphorisant. Chaque fois qu’on se dit que, quand même, ils ont un peu pompé, ils sont déjà passé à autre chose. Le plus fort chez ces garçons, c’est qu’ils arrivent – et là, faudra m’expliquer – à nous dépayser avec des références qui sont aussi globalement les nôtres.
C’est sans doute là que réside leur côté insulaire, dans cette façon d’écouter de la musique à 360°, de saisir au vol des influences diverses et de les réorganiser en un ensemble à la fois cohérent et innovant. Comme les rêves, qui transforment votre journée en une réalité alternative, la musique de Plastic Mermaids a ce pouvoir, un peu magique, de réagencement du réel. Et, comme les rêves, si on décide d’y croire, les Plastic Mermaids pourraient bien nous emmener loin, très loin…