Je déteste le mois de décembre à Strasbourg. Il fait froid, les journées sont courtes et on est envahi par les cons.
Le con se reconnaît à un kilomètre. Son seul but dans la vie est de pourrir la journée des honnêtes autochtones. Affublé d’un couvre-chef grotesque, le visage rubicond à force de vin chaud bon marché, il marche à deux à l’heure, s’agglutine autour de baraques de fortune et occupe toutes les places assises du tramway. Mais que font les forces de l’ordre ? Qu’on renvoie ces romanichels chez eux, manu militari s’il le faut. Ou, sinon, je m’en charge personnellement. Ça doit bien brûler, un chalet en bois, non ? Il suffirait d’un peu de soleil.
Mais le soleil s’en fout. Il est en vacances, quelque part où il fait chaud, à siroter des Sex on The Beach avec des filles en bikini. Helios, toi qui vois tout, toi qui entends tout, je t’en prie, aide-moi. Mais le soleil ne m’écoute pas. Alors je lève les yeux au ciel et je m’envoie en l’air musicalement.
Star / Crows est la première sortie officielle de Flights of Helios. C’est donc la tête dans les étoiles que commence le parcours discographique du quintette oxfordien. Et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Envolés les tracas du quotidien, le mauvais temps et le marché de Noël, ce premier single nous emmène loin des considérations terrestres. Appelle ça comme tu voudras : pop expérimentale cosmique, folk-drone-pop psychédélique en apesanteur, shoegaze-pop spatiale interstellaire. Bande-son idéale pour la Nuit des Étoiles, la musique de Flights of Helios est faite pour s’envoyer en l’air.
Avec son atmosphère éthérée et son crescendo subtil, Star dessine des paysages beaux et lointains à perte de vue. La voix de Chris Beard semble tout droit sortie d’un rêve. Elle a quelque chose d’hypnotique, comme une invitation à pousser encore plus loin l’exploration. Crows fait encore bien plus que tenir les promesses entrevues. C’est, à mon avis, l’une des plus belles choses entendues en 2013. Chant, synthés et percussions s’enlacent, d’abord en douceur. Deux minutes de préliminaires caressants avant que le tempo s’accélère. Puis l’étreinte devient fiévreuse, presque sauvage. Le paroxysme est atteint à une trentaine de secondes de la fin du morceau. Alors, les battements de cœur s’espacent de nouveau, les corps et les esprits, repus, retrouvent leur rythme initial. Je n’ai pas encore essayé mais, à mon avis, c’est la chanson parfaite pour faire l’amour. A bon entendeur…