Quand i.s.l.a. chante, bercé par le roulis léger de sa voix chaleureuse, j’entrevois les contours d’une île. Je l’ai tellement rêvée que je la reconnais immédiatement. Sereine, rassurante, émergeant fièrement de la mer des contrariétés. Un pays de cocagne, un paradis terrestre aux vertus apaisantes. Dans un archipel où Lianne La Havas serait sa voisine, la chanteuse originaire de Nancy, et désormais installée à Nantes, installe un nouveau territoire qu’on a hâte de voir s’étendre. Les deux premiers titres de la demoiselle posent un univers envoûtant et propice à la rêverie. Bien qu’encore très perfectibles, la beauté qui s’en dégage est porteuse de solides promesses. A mon sens, les instrumentations mériteraient d’être un peu plus étoffées, enrichies par des arrangements un brin plus complexes. La comparaison des deux morceaux, clairement à l’avantage de Le Revers, m’incite à penser que la jeune femme gagnerait à chanter plutôt en français. D’une part, peu de chanteuses francophones évoluent dans son registre et, d’autre part, le texte en français, fort bien écrit, rehausse encore la magie de sa voix. Bien que plus anecdotique, White Hair n’enlève rien aux qualités vocales d’i.s.l.a. Mais ne faisons pas la fine bouche. Son chant est déjà remarquable de douceur et de maturité. Entre blues, jazz, soul et folk, on a le sentiment qu’un champ illimité de possibilités s’offre à elle et qu’il lui suffit, où qu’elle veuille, de poser sa voix pour susciter le ravissement. Je suis très impatient d’entendre ses prochains morceaux. i.s.l.a. a tous les atouts en main pour devenir très grande.
Dans cette vie, qu’on perd son temps à vouloir gagner, je rêve à la possibilité d’une île.
Dans cette vie qui ressemble à une compétition, un combat de chaque instant, dans cette vie où il faut toujours être plus grand, plus fort, meilleur que son voisin, je rêve à la possibilité d’une île.
Dans cette vie où les gagnants sont ceux qui mentent, conspirent, manipulent et méprisent, je rêve à la possibilité d’une île.
Dans cette vie où celui qui parle le plus fort finit presque toujours par avoir le dernier mot, dans cette vie où la botte qui piétine a plus de valeur que la fleur piétinée, je rêve à la possibilité d’une île.
Dans cette vie où rêver sera bientôt interdit, je rêve à la possibilité d’une île.
Dans cette vie où je rêve à la possibilité d’une île, i.s.l.a. rêve aussi…
i.s.l.a. rêve et, tandis que je rêve à un ailleurs hypothétique, elle chante ce qui lui passe par la tête.