Chère Maryvette, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. J’avoue, j’en ai bavé, pas vous? avant d’avoir eu vent de vous. Pour quelques instants de vous, que de bellâtres à mèches folles ai-je dû subir! Que de clones de chanteuses québécoises ai-je dû supporter pour quelques mots de vous! Mettez un terme aux souffrances de ce pauvre animal, me suis-je souvent écrié, en entendant certaines chanteuses de télé-crochet. C’est Mozart qu’on assassine, c’est Gainsbourg qu’on massacre, c’est Brel qu’on estropie. Et soudain, vous arrivâtes, parée de grâce et de beauté. Vous étiez…différente. La moue mutine, le regard fier et intrépide, prête à toutes les audaces, vous repreniez les chansons des plus grands comme si leur répertoire vous appartenait. Et, autour de vous, le silence se faisait, plus rien au monde n’existait que votre voix suave et le mouvement cadencé de vos hanches.
Permettez moi de vous dire, chère Maryvette, que vous êtes la femme française par excellence. Un peu bohème, un rien fêlée, forte et fragile à la fois, belle, douce, capricieuse, emmerdeuse, exigeante, populaire, élitiste. Je sais, je dis tout ça, mais je sais si peu de vous. Chaque mardi, je vous attendais fébrilement, priant pour qu’on éliminât quelque autre concurrent, tremblant à l’idée de ne pas vous revoir la semaine suivante. J’aurais pu voter pour vous si j’avais accepté de vendre une minute de mon temps à M6 pour la somme dérisoire de 34 centimes d’euro. Mais, le temps, c’est de l’amour. Perchée tout là-haut, vous m’invitâtes à vous déshabiller. Je restai cloué au sol, englué comme une mouette mazoutée dans mon canapé en cuir. Puis advint ce qui devait advenir. Votre nom n’apparut pas dans la liste des heureux élus. Mon téléviseur s’en rappelle encore. Le pauvre a bien failli atterrir dans le jardin du voisin. Alors que la médiocrité triomphait, vous partîtes, tête haute, l’œil pétillant de malice.
Chère Maryvette, votre premier album n’est pas encore sorti mais je sais déjà que vous serez bientôt celle que tout le monde s’arrache. Faites que vos grands yeux continuent à pétiller, que votre voix ne cesse pas de nous envoûter, que votre beauté n’arrête pas de nous aveugler. Faites que vous restiez perchée très haut comme une hirondelle belle et fragile sur un fil électrique. Bientôt vous ferez le printemps. Vous ferez la pluie et le beau temps. Vous serez la plus belle pour aller danser, chanter, rire, aimer, rêver, vivre…