Jewly revient avec Drugstore, un deuxième album ambitieux qui confirme ses qualités d’interprète.
La dame aux escarpins rouges
Je marche dans les rues, sans m’arrêter. Je ne prends le temps de rien. C’est que je suis un homme pressé, moi, Monsieur. Je croise des dizaines de visages que je ne regarde pas, et qui se confondent dans l’oubli. Ma mémoire est trop pleine et mon temps, trop précieux. Mon portable sonne, vous entendez, Madame ? Je n’ai pas le temps de m’occuper des autres, moi. Je ne veux rien savoir. Ni leur nom, ni leur histoire. Je me fous de ce qu’ils pensent. Je suis un vaurien, un individu de la pire espèce, je suis seul au monde. Du moins, c’est ce que je croyais, avant de croiser Jewly.
Je marchais, le portable vissé à l’oreille et les yeux rivés au sol. Je n’écoutais que moi, partout, tout le temps, nulle part. Et puis elle s’est plantée sur mon chemin. Une paire d’escarpins rouges pointaient vers moi leur regard accusateur. J’ai levé les yeux pour voir à qui j’avais affaire. Vêtements noirs, cheveux noirs, regard perçant, Jewly n’est pas le genre de personne à qui on refuse une faveur. Quand elle a quelque chose à dire, on l’écoute.
Jewly, la voix de ceux qu’on n’entend pas
Et, des histoires, Jewly, elle n’en a pas une seule à raconter, mais dix. Dix fragments de vie déposés sur le comptoir du drugstore ou glanés au hasard des rencontres. Dix portraits, dix visages qui, une fois tombé le masque des apparences, livrent leur vérité sans fard. Si le talent d’une artiste, c’est de donner une voix à ceux qui n’en ont pas, alors Jewly est une grande artiste.
Drugstore est un objet captivant à plusieurs titres. Non seulement le propos – cette galerie de personnages détonants – est ambitieux et cohérent. Non seulement ce propos est encore rehaussé par la série de vidéos, très réussies, qui donnent chair aux dix personnages. Mais surtout, Jewly n’a jamais été aussi à l’aise avec sa voix. Sur son précédent album, Bang Bang Bang, elle faisait feu de tout bois avec une puissance vocale peu commune. Cette fois, les nuances sont plus marquées. La voix épouse les courbes fluctuantes des sentiments. Ici, elle passe de la glace au feu sur un même titre (Kim). Ailleurs, elle sait aussi se faire plus langoureuse (Melody, Amanda).
Drugstore, la confirmation
Si Jewly, au-delà de ses performances vocales, se révèle comme une formidable interprète, c’est parce qu’elle assume désormais pleinement ses métamorphoses. Drugstore, par sa construction, ouvrait la voie à des ambiances plus variées. Jewly s’est engouffrée franchement dans cette brèche. Sans décevoir les fans de la première heure, cet album plus nuancé, moins monolithique que son prédécesseur, devrait séduire un public plus large, bien au-delà des querelles de chapelles musicales.
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