Avec son quatrième album très autobiographique, l’Australienne Jen Cloher livre son disque le plus abouti et s’impose définitivement comme une immense songwriter.
Jen Cloher, portrait de l’artiste en jeune femme
Je me suis perdu, je me suis retrouvé. Le hasard n’avait pas sa place. Le destin, la fatalité étaient des mots creux sans avenir. J’ai jeté à l’eau les pâles excuses qui ne servaient qu’à masquer mes limites. J’ai ajusté ma volonté à mes désirs. Et me voilà. Un homme à la mer. Enfin à l’ouest, je contemple les bateaux et je trace ma trajectoire. J’ai longtemps fui ce que je suis. Maintenant, je suis à ma place. Je regarde devant moi et j’écoute Jen Cloher. Mes regrets, mes remords, ma lâcheté, tout ce qui m’empêchait d’avancer, je le jette au vent. Je suis ce que je suis et, si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à passer votre chemin.
S’assumer, sans complexes, c’est aussi ce que fait Jen Cloher sur son nouvel album. Sur ce disque autobiographique, l’Australienne se dévoile sans artifices. Le disque porte son prénom et son nom. Et, sur la pochette, elle pose dénudée, de dos, guitare à la main. Portrait de la jeune femme en artiste.
Un disque bouleversant de sincérité
Dans ses textes, Jen Cloher se fait tantôt intime, tantôt presque revendicative. Qu’elle évoque les tourments émotionnels de la vie de couple avec une artiste en tournée (I forgot myself) – Jen est la femme de Courtney Barnett – ou le fait d’assumer sa sexualité (Strong Woman), Jen Cloher se dépeint avec une sincérité émouvante. Pas question de se donner le beau rôle. Sa seule ambition semble être de creuser en elle-même pour en extraire de la matière musicale.
Jen Cloher est donc un disque sans filtre, capable d’auto-dérision mais aussi de piques bien senties. Au passage, les chroniqueurs musicaux en prennent pour leur grade dans une punchline plutôt bien sentie : “Those who can, they do. Those who can’t, review”. Mais la force de Jen Cloher, c’est surtout de donner à ses textes autobiographiques une vraie dimension sociale. Elle se dépeint mais se dépasse au tel point que nous nous sentons tous Jen après quelques écoutes.
Musicalement, le disque offre aussi une belle diversité, entre ballades intimistes et coups de griffes saturés. Avec ce disque, Jen Cloher s’impose encore plus comme une grande songwriteuse. Où il y a de la Jen, il y a du plaisir. Ce serait dommage de s’en priver.