Avec ses ambiances folk crépusculaires, The Wooden Wolf, vous l’aurez compris, c’est mon gros coup de cœur de ces derniers mois. Et même s’il me remue encore les entrailles à chaque nouvelle écoute, son album 14 Ballads, Op.1 n’en finit pas de hanter ma platine. En attendant la sortie vinyle (que vous avez intérêt d’acheter, sinon vous aurez affaire à moi), Alex Keiling a accepté de répondre aux questions de J’ai tout lu, tout vu, tout bu…
Quels sont tes premiers souvenirs musicaux ?
Bébé : des berceuses russes, des contes en swahili ; Enfant : Prokofiev, Saint-Saëns, Steve Waring, Pink Floyd, Leonard Cohen ; Ado : Nirvana, Black Sabbath..
Tu es né au Canada et tu es maintenant installé dans le Sundgau. Drôle de trajectoire. Est-ce que tu peux nous résumer rapidement ton parcours ?
Les origines du côté de ma mère sont de Miquelon, au large de Terre-Neuve et du Québec. Celles de mon père, d’Alsace. De 1984 à 1989, mes parents sont restés là-bas et j’y suis né.
Auparavant, tu travaillais, avec tes acolytes, sous le nom de Alex Keiling & the Maryjill Band. Qu’est-ce qui t’a incité à démarrer un nouveau projet ?
J’avais trop de ballades dans mes tiroirs. J’étais un peu frustré de ne faire que des morceaux qui ne me plaisaient pas forcément. J’avais l’impression de faire ce qu’on me demandait, une musique un minimum populaire et qui fasse bouger la tête. Mais j’ai une part sombre que je voulais exprimer en toute liberté et simplicité, c’est-à-dire seul..
Pourquoi avoir choisi le nom The Wooden Wolf ?
The Wooden Wolf : le loup m’est important, il représente la liberté et la simplicité comme dans la fable de La Fontaine (Le Loup et le Chien). J’expliquerai dans quelques années pourquoi en bois..
Ta démarche, dans l’écriture et la composition, est très instinctive. J’ai même lu que certains titres étaient des improvisations enregistrées dans l’instant. A une époque où on dispose de plein d’outils pour bidouiller la musique, pourquoi adopter cette démarche ?
Pourquoi? Tout simplement parce que ça se ressent, ça se sent ce qui est spontané, brut, sincère et dans l’instant… Il y a une certaine fraîcheur, je l’espère en tout cas! Aucun moyen technique ne peut imiter ça.
Plusieurs titres de l’album évoquent la nature (Horses in the Storm, Interlude In the Woods). Est-ce que, pour composer, il est important pour toi d’être en lien avec la nature ?
Je passais beaucoup de temps dans la nature avant de me lancer dans la musique, étant passionné d’escalade. Mais je ne dirais pas que c’est important pour écrire mes chansons. Au contraire, si je suis au vert, je n’ai plus besoin de m’évader et donc plus besoin d’écrire une chanson.
Dans l’un des titres de l’album, tu traduis un poème de Paul Eluard qui s’achève par “L’amour, c’est l’homme inachevé”. Pourquoi avoir choisi ce texte ?
J’ai surtout choisi Paul Eluard parce que c’est mon écrivain préféré et que je voulais le partager avec les oreilles anglophones. Et puis ce texte en particulier parce qu’il fait partie de mes favoris et que, de parsa structure en vers, il est plus pratique à chanter.
A t’écouter, on se demande si l’amour peut être heureux. Pourquoi tant d’acharnement à nous déchirer le cœur ?
Désolé, mais je ne m’acharne à rien. Je ne fais que ma musicothérapie… Quand l’amour est heureux, je ne le chante plus tout simplement, je le vis. Mais au moment où ça se passe mal, j’ai besoin d’extérioriser tout ça.
L’album s’appelle 14 Ballad, Op.1 . Est-ce que ça veut dire qu’on peut s’attendre à l’avenir un Op.2 ?
Oui tout à fait, mais la formule est libre, comme en musique classique. L’Op.2 pourrait très bien être constitué de longs titres post-rock ou au contraire de vingt comptines courtes.
Plus sérieusement, les retours sont excellents. L’album a des retours au niveau national et même sur quelques blogs à l’étranger. Quelles sont les prochaines étapes pour toi ? (j’ai lu qu’il y aurait une sortie vinyle)
Merci ! Oui l’album va sortir en vinyle, c’est cool, merci au label Press Eject & Give me Tape. La suite je ne sais pas encore. Trouver un tourneur me semble être la chose la plus importante. Sinon, de mon côté, je continue d’écrire des chansons et de les enregistrer.
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