J’ai interviewé : Grand Balcony Twang Machine

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“Brouiller la cartographie, être d’ici et d’ailleurs : boire un pastis au cœur de Brooklyn ou sur une plage de Big Sur, entendre des cigales chanter du Grateful Dead, du Two Gallants ou du James Taylor.” Quand Gérôme, du Grand Balcony Twang Machine (GBTM pour les intimes) décrit l’univers du groupe, même les bavards comme moi n’ont plus rien à ajouter…

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment le projet a-t-il débuté ?
J’ai rencontré Stéphane et Julien par l’intermédiaire d’un ami que nous avons en commun, un soir de fête. Stef et Ju se connaissaient déjà depuis bien longtemps… Cela a tout de suite accroché entre nous, j’ai même gagné lors de cette première rencontre le surnom éphémère de Jon Bon Jovi. Certainement qu’ils étaient déjà très envieux de mon système capillaire très au point. Une histoire de cheveux d’abord et aujourd’hui un groupe. Stef et moi-même étions tout deux dans une période de pause après des expériences de groupes épuisantes, on composait alors chacun pour soi, chacun chez soi, Stef évoluait dans un style rock et moi dans un style bien plus folk. On parlait beaucoup de musique et c’est en sortant d’un concert de Hopper à Marseille qu’on a décidé de mettre nos idées en commun : un partage qui nous a tout de suite donné l’envie de monter le Grand Balcony Twang Machine. On a tout de suite été très inspiré par ce nouveau projet, en anglais, avec beaucoup de compositions, très rapidement, une besace remplies de titres, deux voix, deux guitares et toute l’énergie du monde. Julien nous a rejoint au début 2012, comme une évidence, il avait déjà compris où nous allions et il voulait embarquer. Le GBTM devient un combo, un trio… Let´s go!

D’où vient ce nom (pas très facile à retenir) Grand Balcony Twang Machine ?

La première fois où nous avons croisé les idées et les guitares, nous étions chez Stéphane, sur son balcon de bois, sur les toits d’Aix-en-Provence, une belle après-midi d’hiver, le café fumant. Le soir même, nous avions décidé du nom. “Balcony” pour ce fameux balcon, “Grand” pour l’emphase, “Twang” pour le son des guitares de la Surf Music et “Machine” puisque nous étions deux chanteurs-guitaristes et que nous pensions bien nous accompagner d’une boîte à rythme. C’est un nom dont nous sommes très fiers, un nom à rallonge qui fait toujours parler, qui prend beaucoup de place sur les affiches et que les gens peuvent avoir du mal à retenir. Sauf qu’une fois que tu écoutes notre musique et que tu l’aimes, tu le retiens forcément, et c’est pour toujours ! Et puis si t’es intime, tu dis “le Balcony” ou “le GBTM” et GBTM c’est l’acronyme de l’expression anglaise Get Back To Me, comme un appel à y revenir.

Comment qualifieriez-vous votre musique en quelques mots ?
On fait du Folk Rock Lo-fi, du Garage Folk, du Pseudo Folk Rock… Un univers de sable et de bois, plutôt à l’américaine. C’est l’alchimie entre les rythmiques foutraques d’une guitare folk désabusée et les riffs ravageurs et sophistiqués d’un rock hargneux. Le jeu de batterie n’est pas conventionnel non plus, il vient soutenir l’épopée de sa fraîcheur. La voix est sur la corde, elle sert dans un sentiment d’urgence les propos de nos compositions.

Quels sont les artistes qui ont compté pour vous ?
Une multitude, comme Nick Cave, Prefab Sprout, Pearl Jam, Cold War Kids (les deux premiers albums), Local Natives, Prince, Bowie, le Velvet,… mais nous ne revendiquons aucune influence majeure. Nous nous amusons souvent des retours que l’on nous fait sur notre musique, les analogies que certains nous renvoient : Neil Young, Violent Femmes, The Black Keys, Eliott Smith, Polvo, Talking Heads, Pavement. On prend ! Même si on est très loin d’une forme d’évidence.

De la French Riviera à Houston en dix minutes, vous utilisez un moyen de transport supersonique ?
Absolument. Notre bolide musical carbure à l’américanisme mental. Notre incapacité à être américain (parce qu’au fond nous ne voulons pas spécialement l’être) ne nous frustre pas. Au contraire, cette aporie nous permet de fantasmer sans cesse notre univers artistique, de brouiller la cartographie, d’être d’ici et d’ailleurs, ici et là : boire un pastis au coeur de Brooklyn ou sur une plage de Big Sur, entendre des cigales chanter du Grateful Dead, du Two Gallants ou du James Taylor.

Vous avez fait un bon parcours dans les Inrocks Lab et on parle de plus en plus de vous. Comment imaginez-vous la suite pour GBTM ?
Nous venons tout juste de terminer une résidence qui nous a permis de travailler précisément le son de chacun de nos morceaux dans l’optique de faire évoluer nos prestations live. Nous avons joué près d’une trentaine de concerts en deux ans et chaque expérience nous donne une idée toujours plus précise du son que nous voulons atteindre. Cela est aussi rendu possible aujourd’hui grâce à Thomas, notre ingé-son, qui a rejoint l’aventure GBTM depuis peu. Prochaines étapes : des concerts évidemment et l’enregistrement d’un album l’été prochain, un effort qui nous tient à coeur depuis le début. Nous réfléchissons beaucoup à ce projet qui prend doucement mais sûrement forme. Nous réfléchissons aussi à des vidéos qui viendront appuyer nos titres. Nous travaillons à l’instinct, les mécanismes qui articulent la vie du Grand Balcony sont donc tout à fait naturels, nous ne forçons rien, on se fait confiance, on avance ! Les flocons de neige tombent toujours au bon endroit.

Le Questionnaire “Tout lu, tout vu, tout bu” de GBTM


Que faut-il lire en écoutant votre musique ?

Owen Noone and Marauder de Douglas Cowie qui est un roman fédérateur et catalyseur pour le groupe. Sinon, du Thomas McGuane, comme Panama, Nothing but blue skies ou Nobody’s Angel; le seul écrivain qui te botte l’arrière-train à grands coups de santiag’ et de figures de style. Ou Tapping the Source ou Devil’s Hoof de Kem Nunn, du surf polar incroyable.

Que faut-il voir en écoutant votre musique ?

Le générique de la série True Blood, une petite perle esthétique. Eternal sunshine of spotless mind de Michel Gondry pour sa sophistication poétique. Almost Famous de Cameron Crowe, un hymne au rock n’ roll, à l’amitié, à l’innocence, à l’amour et à … Kate Hudson.

Que faut-il boire en écoutant votre musique ?
Du whisky Monkey Shoulder.

Quelle phrase aimeriez-vous lire sur votre musique ?
Leur musique ne ressemble à rien d’autre mais elle plaît à tout le monde. Originalité et universalité, le rêve de tout artiste.

A quoi ressemblerait votre clip idéal ?
Un clip simple, organique avec un concept visuel fort. Sans piscine ou voiture à laver, sans congrégation de filles nues, une seule nous suffirait. Sans bling-bling, mais avec du twang-twang !

Avec quel personnage célèbre (artiste/musicien ou non) rêveriez-vous de boire un verre ?

Un mec drôle, assurément, qui ne serait pas là pour boire l’eau des pâtes! Lester Bangs, par exemple, ou Roberto Begnini !

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