J’ai interviewé : Eska

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Fondateur d’Eska Crew puis backeur scène du leader de Sniper, Tunisiano, Eska est un personnage bien connu dans l’univers du hip-hop français. Avec charisme et humanité, il développe un univers personnel et engagé, à mille lieues des clichés bling-bling du genre. Si vous ne le connaissez pas encore, découvrez-le sans plus attendre avec cette interview inédite.

Bonjour Eska. Ça fait maintenant vingt ans que vous êtes actif dans le rap. Comment jugez-vous l’évolution du hip-hop français pendant toutes ces années?
Bonjour et merci pour cet entretien. Je ne sais jamais quoi penser du hip-hop français comme du hip-hop en général… La musique et nos mœurs évoluent et c’est naturel, ce qui apporte de nouvelles inspirations très constructives et très bénéfiques. Mais, en même temps, plus le temps avance et plus l’authenticité disparaît. Je pense qu on n’y peut rien alors je me contente de soupirer à cette question.

Le clash Booba – La Fouine, La Fouine jury de Popstars. Qu’est-ce que tout ça vous inspire ?

Ça m’inspire simplement que la bêtise fait toujours plus de bruit que le travail artistique et la fierté de présenter un album qui reste le fruit d’un travail acharné et de beaucoup d’implication tant physique que psychologique… Ces histoires ramènent notre musique à ce que l’on pense des banlieusards alors forcément j’en ai plus honte que ça ne m’intéresse !

Parlons de vous maintenant. Au milieu des années 2000, vous avez obtenu un succès d’estime avec Eska Crew avant de vous séparer. Qu’est-ce qui a fait que vous ne soyez pas allés plus loin ?
On ne méritait pas d’aller plus loin ! On n’a pas suffisamment donné pour ça et nous étions totalement dépendants de notre maison de disque et de nos producteurs alors que notre musique représentait plus que ça. Alors avec le recul et l’expérience, nous nous sommes arrêtés là où il fallait. J’ai appris de nos erreurs et je reviens avec d’autres ambitions et plus de maturité évidemment.

Ensuite, vous avez travaillé avec Tunisiano, de Sniper. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
Excellent tant d’un point de vue humain qu’artistique. J’ai appris le métier en tournée : la discipline, le rapport au public, en bref tout ce que j’essaie de mettre en pratique aujourd’hui !

Vous êtes revenus en 2012 avec la backtape Varia. C’était une façon de tirer le bilan sur l’aventure Eska Crew et de lancer votre carrière solo ?
Oui exactement. J’avais déjà des titres frais mais j’avais disparu depuis trop longtemps pour me permettre de perdre ces titres, fruit d’années de travail, de réflexion et d’angoisses comme ça pour rien. Alors on a décidé de regrouper d’anciens titres et des plus récents, mais qui n’entraient pas forcément dans l’angle de vue que je voulais apporter à mon retour. Ça a donné Varia. La backtape nous a surtout permis de repérer l’axe de travail pour la suite. Et bien sûr d’apporter une transition artistique entre Eska Crew et Inspiration (le grand écart est conséquent)

Votre nouvel album Inspiration est sorti le 13 mai dernier. J’ai été très agréablement surpris par la diversité et l’éclectisme des influences musicales qui s’en dégagent. Est-ce que vous êtes un grand “auditeur de musique” et quels sont vos derniers coups de coeur ?
Merci ! J ai toujours aimé la diversité et l’album Instinct de Survie d’Eska Crew est conçu de la même manière. J’aime toutes les bonnes musiques, tant chanson française qu’electro ou pop. Bref tout ce qui me tombe dans les oreilles. Mes influences sont trop diverses et mon cerveau fait un mix entre Mano Solo, Cocorosie, Alela Diane, Woodkid et d’autres encore….

Pour ce qui est des textes, vous n’hésitez pas non plus à sortir des sentiers battus et à traiter des thèmes inhabituels dans le hip-hop. Où puisez-vous votre inspiration ?
Pour les textes, mes thèmes viennent selon mon désir de faire du contrepied. Ça m’amuse plus que d’écrire simplement. Mes thèmes sont avant tout mes ressentis et tout ce qui m’insurge. J’écris avec mon cœur bien plus qu’avec ma tête !

Le titre Elle chasse la brume prend une résonance particulière au regard de l’actualité. Quand et dans quelles conditions l’avez-vous écrit ?
Ce qui est drôle, c’est que ce titre a 4 ans. Il ne sort que maintenant simplement parce que j’attendais surtout de le sortir correctement et ça tombe sur l’actualité. Mais sachez que ce genre de chose m’est déjà arrivé plusieurs fois : à force d’attendre, d’autres artistes le font sur leur album alors que ça faisait 2 ans que j étais dessus ! Bref j’ai écrit Elle chasse la brume avant tout parce que je suis parti de la réflexion que personne n’avait traité ce sujet dans le hip-hop et que, pour un mouvement victime de sectarisme et de discrimination, nous étions nous mêmes extrêmement homophobes. Alors, en accord avec mes convictions, défendre ce sujet, c’est-à-dire des hommes et des femmes avec lesquels nous devrions être proche de par nos souffrances similaires, m’a paru plus que nécessaire !

Vous avez partagé la scène le 14 juin avec les membres du collectif L’Animalerie. Comment s’est passée la soirée ?
La soirée était comme je l’avais prévue, c’est-à-dire géniale. J’étais bien et je pense qu’à part la chaleur, tout le monde a apprécié la soirée. Au passage, super boulot de l’Animalerie et d’ Uzual Suspektz !! En résumé : super soirée !
 

Quels sont, selon vous, les artistes hip-hop à suivre en ce moment ?
Je ne mens pas. Je n écoute presque plus de hip-hop à part mes classiques. Donc je ne saurais pas quoi répondre à part être chauvin et vous dire d’écouter tous les rappeurs de saint Étienne !
 
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