Il y a quelques temps, à la suite d’une chronique sur Pierre Lapointe (cf J’ai entendu : Pierre Lapointe – Seul au Piano), je m’étais attiré les foudres d’un internaute québécois qui me reprochait en substance de méconnaître le dynamisme de la scène musicale de la Belle Province. Et qui, pour ma gouverne, avait jugé bon de dresser une liste non exhaustive d’auteurs-compositeurs-interprètes qui font honneur à leur province natale. Bien que cette sortie un peu vive n’ait été que le fruit d’une malencontreuse incompréhension, je tiens néanmoins à remettre les pendules à l’heure et à rendre au Québec ce qui lui appartient. En effet, cher Kevin Lambert, outre les brailleurs ayant vendu leur âme au diable pour quelques valises de dollars faciles, le Québec regorge de talents, malheureusement trop peu reconnus de ce côté-ci de l’Atlantique. Il y a ceux que vous citiez, bien sûr (j’ai dernièrement écouté Philippe B, je dirai bientôt tout le bien que j’en ai pensé). Et il en est un autre qui ne figurait pas dans votre liste et qui vient de m’éclater en pleine face: Monogrenade.
Né en 2008, au moment où Jean-Michel Pigeon, bientôt rejoint par ses trois compères, sort ses compositions du tiroir où elles commençaient à prendre la poussière, Monogrenade se fait remarquer à l’occasion des Francofolies de Montréal où leur spectacle subjugue les délégués français. Ce n’est donc pas un hasard si le groupe se produit régulièrement chez nous. Côté studio, l’album Tantale, sorti au Québec en mars 2011, sera disponible en France au printemps prochain et pourrait bien être l’une des grandes sensations de l’année, loin devant l’ensemble de la production française. A l’heure où le rock made in France sombre soit dans la lourdeur, soit dans l’anglophonie, il semble en effet qu’il n’y ait plus guère que les québécois qui soient capables de produire un rock léger et aérien chanté en français.
Ecouter Tantale est une expérience d’une richesse inouïe. Le mariage entre sonorités électroniques et arrangements de cordes a rarement été aussi harmonieux. L’album est traversé, d’un bout à l’autre, par un souffle épique qui vous fait quitter la terre ferme et vous maintient en lévitation de la première la dernière note. Le côté expérimental de la démarche ne nuit jamais à l’évidence mélodique qui se dégage des compositions. Tantale est un très très grand disque dont vous ne vous lasserez pas tant chaque écoute est porteuse de nouvelles surprises. Je vous laisse vous faire votre propre opinion ci-dessous (mais, comme d’hab, que ça ne vous empêche pas d’aller l’acheter!)
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