J’ai entendu : Mermonte – Mermonte

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Il y a des instants comme ça où tout s’arrête autour de vous. Des instants de pure beauté qui vous laissent sans voix, les yeux écarquillés et le cœur battant à mille à l’heure. Des instants fragiles de ravissement total. Vos pieds ne touchent plus terre. Oubliée la gravité. Au diable la pesanteur. Vous vous sentez pousser des ailes. Vous vous sentiez las, blasé, inexistant et, soudain, touché par la grâce, vous revivez. Vous étiez dans l’obscurité et, l’instant d’après, vous êtes inondé de clarté. Il faut un peu de temps, quelques secondes, pour que vos yeux usés réapprennent à voir, pour que vos jambes paralysées apprivoisent de nouveau la marche. Vous n’en croyez pas vos oreilles. Les incrédules pourront bien dire ce qu’ils veulent. Au fond de vous, vous en êtes persuadé, ce premier album de Mermonte est un miracle. Oubliez tout ce qu’on vous a raconté depuis votre plus tendre enfance. Maintenant, enfin, la vérité vous apparaît, déchirant les voiles opaques du mensonge. Un nouveau monde est en train de naître. Et, dans ce monde, le soleil se lève à l’ouest.
De plus en plus, la quête de la perfection pop made in France s’apparente à un western des temps modernes. Nous avions récemment visité Caen avec les excellents Gomina. Poussons encore un peu plus à l’ouest et arrêtons-nous un moment à Rennes, où un collectif d’une dizaine de musiciens est en train de faire bouger l’épicentre de la pop-music. En effet, si, outre-Manche, avec Django Django ou Alt-J, la pop est en train de connaître un relooking extrême, nos petits Frenchies ne sont pas en reste. Projet initié en solo par Ghislain Fracapane, Mermonte a fait boule de neige et se produit aujourd’hui dans une configuration collective originale propice à l’expérimentation et à la puissance orchestrale. Dix musiciens, deux batteries. Le résultat, c’est un disque éponyme qui s’impose à l’oreille avec une irrésistible évidence, une synthèse parfaite de la musique minimaliste de Steve Reich et des joyaux pop des Beach Boys, deux des influences revendiquées par Ghislain Fracapane. Car ici le minimalisme initial vient s’enrichir d’arrangements somptueux, transformant le fleuve tranquille en une cascade bondissante. En une trentaine de minutes à peine, on a l’impression de naviguer sur une mer calme et sur des océans déchaînés, de visiter les cinq continents et de traverser les quatre saisons. Mermonte brouille les frontières entre les styles, entre musique savante et musique populaire et ose la complexité sans pour autant délaisser l’efficacité. Solaire, insaisissable, la pop radieuse de Mermonte atteint un degré de sophistication rarement égalé dans nos contrées. C’est tellement beau que j’ai dû me pincer plusieurs fois pour m’assurer que je ne rêvais pas. Mais non, j’étais bien éveillé, je nageais simplement en pleine féérie. Dès la première écoute, on se sent happé par la magie qui se dégage de ce disque et on se dit que celui-là va mettre un bon moment avant de céder sa place dans le lecteur. Réjouissons-nous car nous tenons là un très très grand disque! En voici quelques extraits. L’album est en écoute intégrale sur le site des Inrocks ici. Laissez vous envoûter…

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