Où il est question de photos jaunies, du bon vieux temps, du dernier verre et de l’euphorie du moment…
Cachée dans une malle au grenier, quelques pochettes de photos jaunies. Regarde. Le petit garçon, dans la voiture à pédales, c’est moi. Je devais avoir ton âge, à peu près. Et là, c’est ton grand-père. Oui, Papi avait les cheveux longs. C’est vrai qu’elle était jolie, Mamie, avec ses grands yeux bleus et ses cheveux bouclés. C’étaient les vacances, tout le monde sourit. Je lève mon verre au bon vieux temps.
On n’avait pas encore de smartphone. Les photos, on attendait des plombes avant de les voir, la moitié étaient foireuses mais on souriait quand même de toutes nos dents. Tant pis si on avait l’air con, on risquait pas d’être tagués sur Facebook. Je porte un toast au bon vieux temps.
La vie, c’était pas chacun dans son coin. On buvait un coup avec les cousins, les copains, les voisins, le facteur. Tout le monde se connaissait par son prénom. L’avenir, on verrait ça demain. C’étaient les vacances, tout le monde souriait. On ne pensait jamais devenir grands, devenir vieux. Allez, un dernier verre au bon vieux temps.
Le bon vieux temps, ce sont aussi ces soirées d’été qui s’achevaient toujours en musique. Un oncle, un cousin, saisissait une guitare venue d’on ne sait où et jouait les premiers accords d’une mélodie. L’euphorie du moment aidant, les parents, les enfants, les grands-mères se mettaient à chanter. Et c’était beau.
C’était les années 60-70. Je n’étais pas né et Fraser A. Gorman non plus. Pourtant, ce sont ces images-là qui me viennent en tête en écoutant Slow Gum. Porté par cette nostalgie d’une époque qu’on n’a pas connue mais qu’on idéalise forcément, l’Australien vient remettre un peu de fraicheur dans le bon vieux temps. On n’a pas fini de les chantonner, ses mélodies. Leur charme légèrement suranné, leurs références à peine voilées, en font de délicieuses madeleines de Proust. A consommer de préférence un soir d’été, au moment du coucher de soleil, un verre à la main.