Où il est question de briser les horloges, de se réveiller ensoleillé, de marcher le long des précipices et de se sentir vivant…
Regarder au loin. S’échapper. Prendre l’air, ou ce qu’il en reste. Marcher, ne pas compter ses pas. Jeter les montres, briser les horloges. Prendre son temps. Laisser les fourmis s’agiter derrière soi. Ne plus courber l’échine. Se rendre sourd. Désapprendre. Reprendre goût. Inspirer. Expirer. Lentement. Avoir la vie devant soi.
Partir. Marcher seul plutôt que mal accompagné. Écouter le chant des oiseaux, s’endormir au bruit de l’eau qui court. Se réveiller ensoleillé. Un homme nouveau. Le même, en un peu moins pire. Se sentir vivant pour la première fois depuis longtemps. Sans eux, sans elles, sans toutes ces toiles patiemment tissées. Ne plus avoir de comptes à rendre. Se libérer du passé. Avancer. En paix.
Croiser la route d’Alex Shelter, un peu par hasard, à l’endroit où l’océan rencontre le soleil. Écouter sa voix, qui a l’air d’en avoir pris plein la gueule, me raconter que, quand même, la vie est belle. Mourir d’envie de le croire parce que ses mots sonnent juste, parce que la lumière est au bout du tunnel, parce qu’une voix pareille ne peut pas mentir.
Il porte bien son nom, Alex Shelter. Sa musique est un refuge pour les outsiders, les abîmés, les cabossés de la vie. Il leur montre le chemin vers la clarté sans cacher les zones d’ombre ni chercher à éblouir. On n’est pas là pour jouer la comédie mais pour essayer d’aller mieux.
La route vers la paix intérieure n’a rien d’un long fleuve tranquille. Pour entrevoir un panorama dégagé, il faut d’abord marcher le long des précipices. Mais le jeu en vaut la chandelle car, au-delà de ces abords rugueux et torturés, ce sont la beauté et la quiétude du paysage qui s’imprimeront durablement dans l’esprit du promeneur solitaire.