J’ai bronzé – Saison 1 – Episode 5 : Little Children

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Ami lecteur, est-ce que tu as des enfants ? Non ? Tu as bien raison. Il faut être un poil masochiste pour fonder une famille. Franchement, c’est quand même cher payé pour quelques minutes de plaisir, tu ne trouves pas ? Évidemment, en façade, tous les parents chanteront les louanges de leur progéniture. D’ailleurs, mon fils est formidable. Mais, dès que leur interlocuteur aura le dos tourné, les envies de meurtre reprendront le dessus. Devant une cuisine maculée de purée d’épinards ou un mur repeint de caca brunâtre, mitraillé par des salves de “Papa, pourquoi ?” et des crises de sanglots inexplicables, garder son sang-froid relève du miracle. Pourtant, en dépit de leurs vertus apaisantes, le législateur, va savoir pourquoi, n’a pas jugé bon de légaliser l’infanticide ni même la location d’enfants. Pour passer tes vacances, peinard au bord de l’eau, sans perdre ton souffle à gonfler des bouées-canards ou à te coltiner l’intégrale de Tchoupi, il faudra donc trouver autre chose. S’il est un mérite qu’on peut reconnaître à la société chinoise, c’est bien sa formidable capacité à occuper utilement les enfants été comme hiver. Pour ceux qui, malgré tout, auraient encore quelques réticences à initier leurs bambins à la culture asiatique, l’été sera long. Enfin, je dis ça mais bon, j’adore les enfants. Et puis j’aime bien aussi Little Children.

Ami lecteur, est-ce que le nom Lutti te dit quelque chose ? Si tu as mon âge, tu dois forcément repenser, avec une pointe de nostalgie, à ces caramels au lait que t’offrait jadis ta grand-mère. Tu sais, ces trucs super bons mais qui te niquaient les dents. Je ne sais pas s’ils existent encore. Que ceux qui savent parlent… ou se taisent à jamais. Mais ce qui est sûr, c’est que ces bonbons, dans leur sobre emballage blanc, ont fait le bonheur de toute une génération d’enfants et de dentistes. A priori, pas facile de chanter avec une de ces friandises dans la bouche. Et pourtant, Linus Lutti est chanteur. Ce suédois de 29 ans crée des chansons pop à la fois mystérieuses et sophistiquées, des chansons qui s’écoutent à l’aube ou au crépuscule, quand jour et nuit s’entremêlent ou s’entrechoquent. Tu es en vacances au soleil, tu viens de faire l’amour et, le corps encore transpirant de désirs assouvis, tu fumes une cigarette au balcon, le regard perdu dans l’immensité bleutée de l’océan. Les chansons de Little Children seraient la bande-son parfaite de ces instants suspendus. On compare parfois Linus Lutti à Will Oldham ou à Bon Iver. Mais, à mon sens, le suédois se singularise par l’impression de légèreté qui émane de ses compositions et de son chant. Quand les deux autres s’accommodent volontiers des chagrins et des turbulences, la musique Little Children sonne comme une invitation à l’optimisme rêveur. Elle nous emmène un peu ailleurs, nous décale délicatement pour nous aider à nous sentir mieux. C’est en cela qu’elle est si précieuse. Et si le dernier EP de Little Children s’appelle Falling, c’est sûrement pour mieux en tomber… amoureux.



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