Ami lecteur, confortablement installé de l’autre côté de l’écran, tandis que des effluves de boeuf bourguignon parviennent de la cuisine où Madame s’active en silence, tu t’imagines sans doute que la tenue d’un blog culturel est une activité sans péril. Sache qu’en cela, tu te trompes lourdement. Les doigts de pied en éventail, ton chien paisiblement assoupi à tes pieds, tu n’as pas idée des tourments que j’endure pour t’assurer chaque jour ta dose de belles choses à lire, voir, boire ou entendre. Junkie en manque, tu n’es qu’attente impatiente et exigences démesurées alors que moi, dealer de beauté, je risque ma peau à chaque nouvelle chronique. Ô, je ne demande pas que tu ériges dans ton salon une statue à mon effigie mais un minimum de reconnaissance serait le bienvenu. Ami lecteur, je t’aime bien mais tu es quand même un bel enfoiré. Faut-il que pour te plaire, je risque, une fois de plus, tout ce que j’ai?
Mardi dernier, mon grand patron, Dieu tout-puissant du formatage de jeunes idiots, descendait de son piédestal parisien pour prêcher la bonne parole auprès de ses sous-fifres strasbourgeois. Tout allait sans doute trop bien sans que son omniscience n’ait à s’en mêler. Dans sa grande sagesse, il décida donc d’entraîner tous les salariés dans un jeu de chaises musicales grandeur nature. Mon cul sur un siège éjectable? Rendez-vous aux Prud’hommes…La bêtise me donne mal à la tête. C’est donc avec une solide migraine que, le soir même, je rejoins le groupe Redlight Dreams dans un bar strasbourgeois. Vainqueurs des Tremplins de la ville de Strasbourg, la belle et ses princes musiciens sont en route vers un avenir radieux. Au risque de perdre dans une même chronique mon emploi et ma femme, je pourrais m’extasier, en de longues constructions syntaxiques alambiquées, sur les charmes évidents d’Estelle, diva pop-rock au chant vertigineux et à l’énergie radieuse. Je pourrais vous dire la chair de poule, les poils qui se hérissent, les frissons dans la colonne vertébrale dès qu’elle donne de la voix. Elle chante divinement bien, c’est une vérité révélée, une épiphanie. A ses côtés, quatre apôtres amoureux de la musique, croient en leur belle étoile et lui dessinent un univers à sa mesure. Pop, rock, funk, surfant allégrement d’une décennie à l’autre avec une énergie omniprésente et une voix qui lui donne une signature immédiate, la musique du quintette est de celles qui annihilent toutes les petites misères. Un remède contre la mauvaise humeur, la tristesse et la migraine. Avec leur son riche et puissant, leur énergie débordante et leur chanteuse charismatique, les Redlight Dreams me font penser à une version contemporaine et strasbourgeoise de No Doubt. Avec le futur pour terrain de jeu, je me demande jusqu’où ils sont capables d’aller. Ce qui est sûr, c’est que vous en entendrez bientôt reparler…Peut-être même ici !