Les Strasbourgeois Glad and the Mox sortent leur premier EP. Un disque fiévreux et envoûtant, à la frontière entre ombre et lumière.
Il est mort, le soleil ?
Ce matin, le soleil ne s’est pas levé. Pas plus qu’hier. Ça fait des jours qu’on attend un signe, en vain. Pas le moindre rayon, pas la moindre lueur d’espoir. Les dieux nous ont quittés depuis longtemps. Il n’y a rien d’autre ici que le froid qui ronge les corps et les esprits. Et l’obscurité qui gagne du terrain. La nuit est belle quand elle est éphémère. Et nous, nous sommes condamnés à perpétuité dans nos cellules à ciel ouvert. Nous errons en haillons dans les recoins de nos esprits atrophiés, à la recherche de quelque chose pour nous échapper. Une drogue, un poison, un antidote, une chanson. Glad and the Mox !
La folle du village répète à qui veut l’entendre que nous sommes foutus, que la lumière a déserté pour toujours. Je marche, je tourne en rond. Dans ma tête, le bourdonnement se fait musique. J’ouvre une porte, puis une deuxième, puis d’autres encore. Haletant, j’arrive au centre du labyrinthe. Sur une scène de bric et de broc, des musiciens jouent. D’abord, je ne distingue pas la chanteuse. Vêtements et cheveux noirs, silhouette vaporeuse au milieu du chaos, elle chante comme pour charmer les serpents ou commander aux astres. Et, de sa voix, la lumière jaillit. Never Seen (Something Like That). Je n’ai jamais rien vu de tel.
Et Glad and the Mox ralluma la lumière…
J’écoute Glad and the Mox et la fin du monde s’éloigne un peu. Gwladys Morinière parle le langage des anciens. En prêtresse moderne d’un rituel païen, sa voix invoque les reines de la soul du passé et du présent. Comme une lueur dans les ténèbres, l’esprit d’Amy Winehouse n’est jamais bien loin. Mais ce sont d’autres noirceurs qui habitent Glad and the Mox. Entre moiteur soul et frimas post-punk, la musique des Alsaciens agit comme un choc thermique. Leur pop nyctalope est aux bons entendeurs ce qu’un fix est aux addicts. Une vague de douceur qui irrigue le corps et l’esprit. Une expérience qui ne demande qu’à être poursuivie ou renouvelée.
J’avais déjà dit tout le bien que je pensais de Glad and the Mox. Les 6 titres de l’EP Never Seen (Something Like That) renforcent encore ce sentiment. On y trouve matière à un univers cohérent et atypique. Solidement campée sur des influences correctement digérées, Glad and the Mox distille une musique à la fois sombre et porteuse d’espoir, à la fois intelligente et remuante. A l’heure où l’on se perd si facilement dans les méandres, c’est assurément une voix à suivre.
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