Au début, je n’étais rien. Ou alors pas grand-chose. Un jour que je traînais à poil dans mon salon, comme Archimède dans son bain, pensif et désœuvré, je m’écrie “Eurêka. Et si je créais un blog”…
Nu devant l’immensité d’un si grand univers musical, je me mets à tricoter des lignes et des lignes de texte. Je sais que c’est peine perdue. Décrire de la musique avec des mots, c’est impossible, me disent les gens raisonnables. Mais les gens raisonnables sont ennuyeux et je ne les écoute pas. J’écris. Et de filles en (talons) aiguille, je cultive ma mélonymphomanie obsessionnelle.
Certains – comme toi, ami lecteur – sont assez fous pour me lire. Quelques-uns poussent même le vice jusqu’à m’encourager. Alors, j’écris compulsivement. Je ne dors plus que cinq heures par nuit. Quand je n’écris pas, je ressemble à un hamster sous cocaïne. Je tourne en rond, je fulmine intérieurement à l’idée de tout ce temps perdu à faire autre chose. Bref, sous ma coquille, dans ces moments-là, c’est le bordel. Barbarie et boxon généralisés.
Un peu comme si j’avais 17 ans, la bite sous le bras et le futur en berne (ou l’inverse), comme si je venais de découvrir les Sex Pistols, comme si, pour me sentir vivant, je devais hurler des insanités en faisant crisser les cordes de ma guitare. Comme si, quel qu’en soit le prix, il fallait que j’expulse ce trop-plein de sons et de mots mêlés.
Barbarie Boxon n’est pas un groupe de punk juvénile. C’est un joyeux bordel né de la collision de deux auteurs-compositeurs belges un peu barges : Barbara Malter-Terrada et Thierry Bodson. Prenez ces deux-là, frottez-les l’un contre l’autre et ça vous donne des étincelles de mots qui vous explosent aux oreilles et des comètes de styles qui s’entrechoquent, s’entremêlent, s’entre-jambent.
Entre leurs mains, la chanson française est un verre de soda dans lequel on s’amuserait à jeter des Mentos. Ça part dans des tas de directions différentes, poussé par une tornade de liberté. C’est toujours prêt à vous péter à la gueule et c’est beau comme un feu d’artifice. Ça va à cent à l’heure, ça saute du coq à l’âne, ça fait des montagnes russes au plat pays. Et ça ne ressemble à rien d’autre. Objet Musical Non Identifié, le premier EP de Barbarie Boxon, Par trois par deux partout, déborde d’inventivité. Riant foutoir, ce premier essai, brillamment arrangé par Gil Mortio, est une merveille de poésie foutraque. C’est le genre de disque qui me donne envie de crier à pleins poumons et sans autre forme de procès : “Putain, qu’est-ce que c’est bon ! “. Et de faire la misère à tous ceux qui n’auront pas aimé…