Edouard Edouard a deux prénoms, une passion pour Dutronc, du combustible dans la voix et des troubles inexistentiels…
Chronique pour un chanteur qui n’existe pas
J’en ai écrit des chroniques. 700 environ (lisez-les toutes, c’est gratuit !). Des vertes et des pas mûres, des ardentes et des mal biaisées (comme La Femme). Des qui font mouche et des qui font mal. J’ai écrit pour les femmes libérées et pour les hommes pressés. Et j’ai écrit pour les enfants de la chance et pour les vieux qui ne meurent pas. J’ai bouffé la feuille pour dire je t’aime et, parfois, pour qu’on m’aime un peu. J’ai écrit, j’ai crié aussi, de temps en temps. Mais jamais encore je n’avais écrit une chronique pour un chanteur qui n’existe pas…. avant Edouard Edouard.
Je t’ai longtemps cherché, Edouard Edouard. Mais, le hasard fait bien les choses. Tu m’es apparu, assis sur une chaise au milieu d’un clip. Désinvolte, tu tournais le dos à ton pianiste, qui jouait du piano assis. Tu chantais “Je n’existe pas”. Tu miaulais même parfois comme un chat de gouttière. Mais, si tu n’existes pas, dis-moi pourquoi j’existerais, moi qui ne sais rien faire d’autre que d’écrire sans envoyer la note ?
Edouard Edouard fait le jacques… et plus encore
J’ai voulu voir Dutronc et j’ai pas vu Dutronc. J’aurais tant aimé Brel s’il était encore là. Même si je me méfie des comparaisons, Edouard Edouard est un peu l’héritier de ces gens-là. Une sorte de dandy yéyé écorché vif. Les paroles de ses chansons lorgnent souvent du côté de Jacques Lanzmann, le parolier capable de faire dire tout et n’importe quoi à Dutronc. L’interprétation est parfois habitée – c’est le moins que l’on puisse dire – comme s’il avait le diable au corps. Ou comme s’il se dédoublait, double Edouard, dans une nouvelle variation autour de Docteur Jekyll et Mister Hyde.
Du ton faussement badin de Je voudrais chanter à la crise inexistentielle de Je n’existe pas, on diagnostiquerait un dédoublement de personnalité pour moins que ça. Pourtant, le grand écart est comblé en un seul titre qui, à lui seul, mériterait l’achat de l’EP d’Edouard Edouard : La Chanson d’amour. Difficile de trouver titre de chanson plus galvaudé que celui-là. Mais c’est sans compter sur la capacité de réinvention du Nancéien. Namedropping de chanteurs de variétés, citations amoureuses à l’appui, interprétation vibrante ponctuée d’un crescendo émotionnel aux accents dramatiques, Edouard Edouard jette toutes ses forces dans la bataille et emporte la mise.
Une découverte déjà couverte
On se dit que ce garçon, c’est une sacrée découverte… avant de se rendre compte que ce n’en est pas vraiment une. Avant de marcher seul, Edouard était chanteur des Wayfarers… et déjà obsédé par Dutronc. Comme quoi les chiens ne font pas des chats…
Retrouvez Edouard Edouard sur son site officiel et sur Facebook