Les Californiens de The Buttertones reviennent avec Gravedigging, la bande-son d’un film qui n’existe pas encore…
A tombeau ouvert avec The Buttertones
Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je n’ai envie de rien. Quand je regarde autour de moi, les gens marchent comme si de rien n’était. Le soleil brille même un peu. On dirait que rien n’a changé. Et, pourtant, je ressens comme un vide que ma colère sourde ne suffit pas à remplir. Il faudrait que je m’évade pour lâcher prise. Je veux foncer à mille à l’heure sans me retourner. Je veux rouler à tombeau ouvert en écoutant le nouvel album des Buttertones.
Sur grand écran, je serais le héros d’un film de gangsters. Je séduirais la femme de mon rival. Et puis, un jour, je piquerais le magot et on partirait, elle et moi, vers une destination exotique qu’on n’atteindrait jamais. Ensuite, on aurait la meute à nos trousses. Les coups de revolvers pleuvraient sur la carrosserie de notre Ford Mustang. Et, le lendemain matin, dans la douche de l’hôtel, j’écraserais un serpent venimeux à grands coups de bâton.
Gravedigging, explosif et hautement délectable
Gravedigging n’est pas un coup d’essai pour les Buttertones. Leur premier EP, puis leur précédent effort, American Brunch, regorgeaient de promesses. Mais ce nouvel album voit le groupe californien franchir un nouveau cap. Gravedigging est la bande-son idéale pour sortir de la torpeur dans laquelle j’étais plongé. Je me projette dans ce disque comme je me lancerais à corps perdu dans une vie d’aventures. Et qu’importe, au final, si j’y laisse ma peau. Je veux seulement vivre un peu plus vite.
Chez les Buttertones, la section rythmique ressemble à une course-poursuite effrénée. Les riffs de guitare pleuvent comme les balles dans un film de Tarantino. Parfois, les sirènes hurlantes d’un saxophone en surchauffe se rapprochent pour ramasser les blessés. Et la voix de crooner de Richard Araiza semble surplomber le carnage. Le mélange de détachement et d’intensité du chant rajoute une touche de coolitude à Gravedigging. Au final, l’album a le goût acidulé de petits règlements de compte entre amis sur plages de sable fin. C’est à la fois explosif et hautement délectable.