Sur son album A la lueur, sorti en mars 2015, Audriel joue la musique d’un monde nouveau…
Je regarde cette série où, brutalement, une partie de l’humanité disparaît. Où sont-ils allés ? On ne le sait pas. Sont-ils en vie ? Reviendront-ils un jour ? On n’en sait rien. Les scénaristes préfèrent s’attarder sur ceux qui restent. Des gens ordinaires qui font ce qu’ils peuvent pour vivre avec. Ou plutôt sans, en l’occurrence. Quand leur petit monde s’effondre, certains fuient, d’autres font face. Se nourrir du vide ou le combattre, c’est le dilemme qui les anime et la béquille qui les soutient. Comment aurait-on réagi à leur place ? On se voit souvent trop beau.
Et maintenant, déplaçons le curseur. Décrétons que ceux qui sont partis sont bien vivants. Pour une raison qu’on ignore, ils sont simplement ailleurs, dans un endroit inconnu des planisphères et des satellites. A leurs yeux, leur monde, notre monde, n’existe plus. Leur décor, à présent, c’est une terre vierge. Table rase. Nouveau départ. Quel monde construiriez-vous, vous, si l’occasion vous en était donnée ? Imaginez…
Je regarde cette série et ça me fait penser ce disque d’Audriel, écouté quelques mois plus tôt. Écouté, mais pas entendu, ou pas assez en tout cas. La faute au temps qui court et qu’on ne prend pas la peine d’arrêter. Mais, ce soir, je prends le temps d’une pause et je l’entends enfin, cette musique d’un monde nouveau. Elle est là, elle l’a toujours été mais je ne l’entendais pas. C’est un murmure, un souffle, un grondement. C’est le vent dans les feuillages, le sifflement du serpent, le battement des cœurs vaillants. C’est la parole de la Terre et l’héritage des anciens. Le nôtre aussi, et celui de nos enfants.
Trop occupé à perdre notre vie à trop vouloir la gagner, tout ça pour quelques breloques inutiles, nous nous coupons de l’essentiel. Coup de cutter sur nos racines. La musique d’Audriel est un pansement sur cette plaie béante. Elle fait résonner les entrailles de la Terre et vibrer l’air d’un monde meilleur. C’est une source indomptable qui jaillit vers la lumière. Un message salutaire, porteur d’espoir et accessible à tous, pourvu qu’on veuille l’entendre. Pour porter cette parole, tantôt les voix s’arriment à la Terre, tantôt elles prennent leur envol. Les instrumentations défient les géographies pour mieux tisser les liens. Qui, mieux que l’artiste, peut dire le monde ? Audriel nous met sous le nez ce que nous avions oublié, enfoui, refoulé et qui, pourtant semble évident. On en avait grand besoin.