Où il est question des Finlandais, d’un manque de politesse, d’un chauffeur de tram et d’un zombie de l’espace…
J’aime pas les Finlandais. Non, vraiment, depuis que l’un d’entre eux a délibérément pourri mon année Erasmus, c’est plus fort que moi, Il y en a qui détestent les huîtres, d’autres qui ont horreur des pulls en laine. Moi, c’est les Finlandais.
En tout cas, encore aujourd’hui, il vaut mieux que je ne croise pas la route d’un Finlandais. Parce que si ce n’est pas lui, c’est donc son frère et ça risque de mal finir.
Et puis j’ai rencontré Jaakko Eino Kalevi…
Évidemment, j’ai d’abord cru qu’il s’appelait Jacquot et qu’il avait été adopté. Mais, après vérification, il s’avère qu’il est bien Finlandais. Il a même été chauffeur de tram à Helsinki. Que cette contrée honnie soit capable d’accoucher d’un tel talent, j’avoue que ça m’en a bouché un coin. J’ai réécouté son premier album (officiel). Non, vraiment, rien à redire, autant il y a des disques qui m’en touchent une sans faire bouger l’autre, autant celui-ci m’a remué toute l’artillerie d’un bout à l’autre.
Le truc, avec Kalevi, c’est qu’il a l’air résolument ailleurs. Au-dessus, en-dessous, à côté, à l’ouest mais jamais pile au milieu. Il traîne sa silhouette un peu bancale dans un univers parallèle où les pulls jacquard et les walkman seraient encore à la mode. Imaginez un zombie de l’espace qui aurait voyagé dans le temps pour capturer les années 80 dans une bulle de savon.
La musique de Kalevi n’est pas finlandaise. Elle n’est pas de ce monde. Elle flotte en apesanteur, insensible à la gravité. Elle apparaît comme un écho lointain et pourtant familier. Elle s’immisce comme un rêve dans le quotidien, comme une illusion sur laquelle on pourrait danser. Une bande-son parfaite pour ceux qui ne veulent plus avoir les pieds sur terre.