Où il est question de rester au chaud, de réserver une chambre dans un palace, d’oublier que ce n’est pas la vraie vie et de se sauver d’une mauvaise passe…
Il y a des matins comme ça où on ferait mieux de rester au lit. Les hurlements stridents du réveil nous arrachent à une douce rêverie. A travers les volets entrouverts, le ciel a la mine des mauvais jours. Allez, encore cinq minutes… dix… Et puis, c’est la course. On est à la bourre. Les gamins. L’école. Le boulot. Et cette pluie qui n’en finit pas de tomber.
Les vêtements trempés, la tête dans les nuages, j’erre comme une âme en panne sur le quai d’un tramway sans désir. J’aurais mieux fait de me la couler douce et de rester au chaud sous mes couvertures. J’aurais mieux fait de me réserver une chambre dans un palace et de regarder le temps passer lentement.
Au moins, dans un palace, pas de mauvaises surprises, pas d’odeurs de chien mouillé ou de de linge sale lavé en public. Des draps bien propres, bien repassés, qui sentent bon le printemps, même en automne. Une douce chaleur climatisée diffusée en continu dans la pièce. Et un mini-bar avec du whisky, pour oublier que ce n’est pas la vraie vie.
Avec Palace, c’est un peu la même musique. Pas de mauvaises surprises, mais, assurément, le goût du travail bien fait, le sens du détail et l’envie manifeste de vous voir revenir. Il suffit de voir le soin qu’a mis la quatuor londonien à choisir la pochette de son premier EP ou le rythme métronomique auquel ils en dévoilent les cinq titres. Bien sûr, le buzz est savamment orchestré mais, pour que ça fonctionne à plein, il faut que la qualité de service soit optimale.
Et c’est là que Palace assure. On dira ce qu’on veut, ils sont quand même balèzes, ces Anglais, pour faire du neuf avec du vieux. Le blues-folk atmosphérique de Palace n’invente pas la roue. On a toujours l’impression d’être en terrain connu mais, en même temps, ça n’est jamais vraiment tout à fait pareil à ce qu’on a entendu avant. Moi, ils me font penser à Cold War Kids, mais en plus gentils.
Tout est joué avec un mélange à peu près égal de détachement et de sophistication. Tout a l’air tellement facile, tellement naturel que ça en devient presque insolent. Un peu comme quand ces acrobates asiatiques font des figures invraisemblables dans les airs en souriant nonchalamment.
Bref, ce Palace, je ne sais pas si j’y passerais ma vie mais, pour me sauver d’une mauvaise passe, j’irais volontiers y passer un jour ou deux.